L'ombre de nos nuits - Gaëlle Josse
4ème de couverture
Au détour d'une salle de musée, une femme est saisie par une toile de Georges de La Tour, Saint Sébastien soigné par Irène. Face à ce tableau, elle va revivre les égarements d'une histoire d'amour passée.
Parallèlement, nous suivons Georges de La Tour dans son atelier, puis à Paris où, accompagné de son fils et de son apprenti, il s'apprête à présenter son Saint Sébastien au roi de France.
Entre les doutes du peintre, les écarts du fils et les découvertes du jeune apprenti, c'est un monde fait de silences, d'ombres et de passions qui s'ouvre, donnant à l'histoire de la narratrice un écho contrasté, comme dans un clair-obscur.
Contexte historique
1639 - Lorraine / 2014 - Rouen
Mon avis
Une écriture au premier abord plutôt banale mais qui petit à petit se révèle comme une lumière de bougie fait progressivement sortir de la nuit ce qui l'entoure. C'est dire alors si elle se marie bien à son sujet, maître en matière de clair-obscur.
De la même façon, il faut un peu de temps pour saisir le rapport entre l'héroïne de 2014 et le Saint Sébastien du XVIIème siècle. Pourtant, on s'attache à cette femme. Et si on devine aisément les tenants et aboutissants de son histoire amoureuse, l'essentiel est ailleurs : entrer dans la complexité du cœur humain. Pour le coup, l'auteure saisit la psychologie de l'égarement et de l'autodestruction avec une grande finesse d'écriture.
Au point que les chapitres du XVIIème siècle, ceux qui entremêlent le "je" de Georges de La Tour à celui de son apprenti, semblent un peu plus ternes malgré quelques belles méditations du peintre sur son art. Néanmoins, ces petits chapitres, qui naviguent à travers le temps et la lumière - qu'elle soit d'un tableau ou d'un cœur humain-, offrent un très beau chant à trois voix, un triptyque que je suis heureuse d'exposer dans ma bibliothèque personnelle, sorte de musée littéraire.