Les adieux à la reine - Chantal Thomas

21/10/2017

Résumé (4ème de couverture)

Nous sommes à Vienne, en 1810, dans une ville humiliée et ruinée par la victoire de Napoléon. Une femme, Agathe-Sidonie Laborde, ancienne lectrice de Marie-Antoinette, se souvient de Versailles et, plus précisément (parce que c'est pour elle une hantise), des 14, 15 et 16 juillet 1789, jours d'effondrement durant lesquels, Louis XVI ayant cédé sur tout, les intimes de la famille royale et une grande partie de la Cour se dispersent. Agathe elle-même s'est enfuie alors, dans la nuit du 16, avec la famille de Polignac.

A travers une reconstitution minutieuse et fébrile de ses dernières heures à Versailles, Agathe découvre la force de sa fascination pour la reine et la beauté émouvante et singulière du monde qu'elle s'était créé. Un monde placé sous le signe du luxe et de l'élégance, de l'obsession du détail, du goût des espaces protégés, un univers brillant de toutes les apparences du bonheur, sauf que le désir comme l'amour n'y avaient pas de voix pour se dire. Mais est-ce le drame de la Reine ou celui de sa lectrice ?

Contexte historique

XVIIIème siècle (1789) - Versailles

Mon avis

Vous voyez, ces beaux ouvrages de dentelle, finement travaillés pour un résultat délicat ? Et bien, c'est à cela que m'a fait penser ce roman. Tout en finesse, en petites touches délicates.

Si l'héroïne ne m'a pas émue outre mesure, en revanche, j'ai vraiment apprécié de changer de point de vue de cette période primordiale dans notre culture "cocorico". Pour changer, nous sommes pour ainsi dire du côté des "méchants". Ça remet en question l'aspect assez manichéen "méchants aristos contre gentils pauvres" qu'on nous présente habituellement. Finalement, étaient-ils pires que leurs ancêtres deux cents ans plus tôt ? Ou que nos actuels maîtres du monde ? 

Ici, ils deviennent des humains, vulnérables, perdus, inquiets, dont le plus gros défaut, au fond, était de ne pas comprendre (et, ironie de l'Histoire, n'est-ce pas là un reproche actuel fait à nos politiques ?) ceux qui étaient hors de la cour. La narratrice le dit, et l'on y croit, que Versailles était un autre monde. 

Toute la tension, l'anxiété, voire la terreur sont vraiment bien retranscrites. J'ai pensé au Titanic, à ces gens qui se savaient voués à une fin tragique, mais sans savoir vraiment exactement comment, pourquoi, juste la peur, l'ignorance, et ici les rumeurs, l'imagination du "dehors" (Paris donc). Les horribles nuits blanches dans l'attente...

Vous l'aurez compris, j'ai été conquise par cette lecture. J'ai été émue, remuée, bouleversée par ces êtres, ces "napperons de dentelle du Titanic qui ont fini au fond d'une eau glacée" (si je puis me permettre l'image, et si les napperons avaient pu avoir conscience de ce qui leur arrivait). 

A conseiller à tous les amateurs d'histoire, qui privilégient l'humain à l'action, la psychologie au sexe.

Je l'ai appris depuis. La foule acclame ou insulte n'importe qui, n'importe quoi. L'objet ne compte pas. La foule s'excite de se sentir une foule. Son délire monte à proportion de ce bizarre phénomène de conscience de soi ou de conscience sans soi. "Je ne suis personne", dit la foule. Multipliée par des milliers, cette nullité est irrésistible.

Pétales semés pour aller plus loin :

  • Le film tiré du roman. Je l'ai vu après l'avoir lu. Je pense qu'il vaut mieux faire l'inverse pour apprécier les deux à leur juste valeur.
  • Ce livre m'en a rappelé un autre, qui m'avait autant sinon plus encore enthousiasmée : Un bûcher sous la neige de Susan Fletcher. C'est l'Ecosse du XVIIIème mais dans la beauté de la plume...
  • Du 20 octobre 2017 au 20 novembre 2018, l'exposition "Napoléon" à Arras. Car après tout sans lui, qui sait ?
© 2017 Le jardin littéraire de Rose et Pâquerette/ Critiques littéraires et cerises artistiques. Tous droits réservés.
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer